L'affaire de la Banque Oustric

Albert Oustric est garçon de course, représentant en vins, chanteur amateur dans quelques brasseries, avant de s'intituler en 1919 banquier. Il ouvre un bureau rue Auber à Paris, où il officie en tant que gérant d'une banque en commandite au capital d'un million de francs, dont seul un quart est versé.

Oustric est un homme intelligent. Il aide fortement aux belles carrières de l'Union-Vie, des Blanchisseries de Thaon, et même de Peugeot.

Jusqu'à 1925, sous couvert de sa banque, Oustric noue de nombreuses relations avec des hommes politiques. Elles lui permettent d'obtenir l'accord du Ministère des Finances et du Ministère des Affaires Etrangères pour faire coter à la Bourse de Paris les titres d'une société italienne de soie artificielle : La Snia Viscosa. Se succès personnel lui vaut une confortable récompense du banquier italien intéressé, mais surtout une réputation flatteuse dans les milieux d'affaires.

Dès lors, très sollicité, il accepte de s'intéresser aux sociétés en difficulté leur avançant des sommes importantes moyennant en caution des actions des dites sociétés, actions à vote plural de préférence. Ceci lui permet de prendre le contrôle de ces sociétés et de placer aux conseils d'administration des hommes à sa dévotion.

Puis il dépose les titres en garantie à la Banque de France qui lui consent des avances à titre d'escompte. Avec ces liquidités, il prend le contrôle de nouvelles affaires : ainsi de la Banque Adam, les chaussures Erlich, Dressoir, Binet, Fayard, Incroyable, ... Il procède par ailleurs à des augmentations de capital par émission d'actions placées avec facilité. Il crée par ce biais des sociétés plus ou moins fantômatiques, se finançant les unes les autres, et destinées à se soutenir en cas de difficultés : la holding française Holfra, l'Extension de l'Industrie Française, etc.

En octobre 1917, la Bourse provoque une première alerte sur les titres des sociétés patronées par la Banque Oustric, puis le 30 du même mois on suspend la cotation. Quelques jours plus tard, la Banque Oustric dépose son bilan et en cascade, la Banque Adam et toutes les sociétés satellites. Une plainte est déposée et Oustric emprisonné. Il est condamné à 18 mois de prison et 3000 F d'amende pour irrégularités des opérations effectuées sur les titres des maisons de chaussures.

Oustric n'était en réalité ni plus ni moins coupable que tant d'autres spéculateurs qui avaient agi comme lui, avec les mêmes procédés pendant la période d'euphorie financière de l'après-guerre. Mais Oustric a pu faire de nombreux dupes et compromettre beaucoup de gens, réussissant même à corrompre le garde des Sceaux du cabinet Tardieu, Raoul Péret qui entrava l'action de la justice. La révélation des relations entre Oustric et Raoul Péret entraîna même la chute du gouvernement Tardieu.

> Le titre :
Banque Oustric - Action de 250 F. Paris 1928. Comporte la signature fac-similé d'Oustric.

>> Une autre affaire : Le scandale John Law

   
     
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